Catégories
Accueil

Xi Jinping promeut un ordre mondial où tout se négocie

Article de The Economist 

Avec la vision d’un monde transactionnel régi par les rapports de force, la Chine séduit nombre de pays lassés des leçons de l’Occident. Une dangereuse perte des valeurs.

Quand il parle de « coopération gagnant-gagnant » lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine la semaine dernière, Xi Jinping fait valoir sa vision de l’ordre mondial, non plus régi selon des valeurs universelles, mais comme un système transactionnel d’accords entre grandes puissances, reflet de l’équilibre de leurs rapports de forces.

Ainsi sur l’Ukraine, la Chine a joué sa partition, impitoyable et efficace. Ses objectifs: subordonner la Russie tout en veillant à ne pas trop l’affaiblir; se donner une image d’artisan de la paix aux yeux du monde émergent; et, avec un œil sur Taïwan, saper la légitimité perçue des sanctions et du soutien militaire occidentaux. Xi Jinping, cyniquement, appelle au « respect de la souveraineté de tous les pays », mais oublie de mentionner que la Russie occupe plus d’un sixième de son voisin.

Un autre exemple de l’approche de la Chine en matière de politique étrangère a fait grand bruit. Le 10 mars, Pékin a réussi à négocier une détente entre deux rivaux acharnés : l’Iran et l’Arabie saoudite. Une première intervention au Moyen-Orient qui a mis en évidence le poids réduit de l’Occident dans cette région, vingt ans après l’invasion de l’Irak par les Américains.

Le 15 mars enfin, Xi Jinping a dévoilé l’Initiative pour la civilisation mondiale, selon laquelle les pays devraient « s’abstenir d’imposer leurs propres valeurs ou modèles aux autres et d’attiser les confrontations idéologiques », affirmant que la défense par l’Occident des droits de l’Homme, au Xinjiang et ailleurs, est une nouvelle forme de colonialisme.

Soutien du Brésil, pivot vers le Moyen-Orient et l’Afghanistan

Le président chinois entend remodeler l’ordre mondial de l’après-1945. Et cette vision d’un monde négocié bénéficie d’un réel soutien en dehors de l’Occident. Xi Jinping rencontrera prochainement à Pékin le président brésilien, Lula da Silva. Partisan d’un monde multipolaire, ce dernier souhaite que la Chine l’aide à négocier la paix en Ukraine.

Pour beaucoup, l’invasion de l’Irak en 2003 a mis en évidence la politique de deux poids, deux mesures de l’Occident en matière de droit international et de droits de l’Homme, un point que les médias d’Etat chinois s’emploient à marteler. Après les années Trump, Joe Biden a renoué avec le monde, mais le pivot vers l’Asie implique une réduction des effectifs ailleurs, notamment au Moyen-Orient et en Afghanistan.

L’Occident a fait preuve de fermeté à l’égard de l’Ukraine, mais de nombreux pays sont ambivalents quant à la guerre et l’issue de celle-ci. Au moins 100 pays, représentant 40% du PIB mondial, n’appliquent pas pleinement les sanctions. La capacité de résistance des Etats-Unis est mise en doute. Ni Donald Trump ni son rival républicain Ron DeSantis ne considèrent l’Ukraine comme un intérêt fondamental pour leur pays. 

Tout cela crée un espace pour de nouveaux acteurs, de la Turquie aux Emirats arabes unis ; et surtout pour la Chine. Son dangereux message, selon lequel la véritable démocratie implique le développement économique mais pas nécessairement la liberté politique, plaît beaucoup aux élites des pays non démocratiques.

Publicité
Catégories
Accueil

Relation sino-russe : Poutine et Xi Jinping main dans la main

Article de Par JLB avec AFP • 

Xi Jinping et Vladimir Poutine ont affiché leur unité face aux Occidentaux, ce mardi 21 mars, au deuxième jour de la visite d’État en Russie du président chinois. Ce dernier a redit « la priorité » qu’il accordait aux relations « stratégiques » entre Moscou et Pékin, deux « grandes puissances ». Xi Jinping a, en outre, estimé que son déplacement répondait à une « logique historique », car « nous sommes les plus grandes puissances voisines et des partenaires stratégiques à tous les niveaux ».

Le président chinois, qui s’exprimait lors d’un entretien avec le Premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, a également dit que Pékin « continuera de donner la priorité au partenariat stratégique global entre la Chine et la Russie », selon des propos rapportés par les agences de presse russes.

Xi Jinping, qui doit s’entretenir mardi avec Vladimir Poutine après un premier entretien lundi, a également confié qu’il avait invité le président russe à lui rendre visite en Chine « quand il pourra cette année », malgré le mandat d’arrêt émis la semaine dernière par la Cour pénale internationale contre le maître du Kremlin.

« Cher ami »

Le conflit en Ukraine sera au c?ur des discussions qui doivent débuter mardi vers 12 heures GMT entre Xi Jinping et Vladimir Poutine, après un entretien « informel » lundi lors duquel ils ont affiché leur entente, en se donnant par exemple du « cher ami ». Lors de ce premier entretien, qui a duré plus de quatre heures, Vladimir Poutine s’était dit prêt à discuter d’une initiative de Pékin visant à stopper ce conflit. Le président russe a couvert d’éloges son puissant hôte chinois, saluant notamment sa « position juste et équilibrée sur les questions internationales ».

Mais si la Chine se pose en intermédiaire en Ukraine, l’Occident juge que Pékin soutient trop Moscou pour être crédible. Washington accuse même les autorités chinoises d’envisager de livrer des armes à la Russie, ce qu’elles démentent. D’autres, en Occident, jugent que la Chine pourrait s’inspirer de l’attaque russe en Ukraine pour prendre le contrôle de Taïwan.

Lundi encore, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a affirmé que « le monde ne doit pas être dupe face à toute décision tactique de la Russie, soutenue par la Chine ou tout autre pays, de geler le conflit (en Ukraine) selon ses propres conditions ». Antony Blinken a souligné que Xi Jinping s’était rendu en Russie trois jours à peine après le mandat d’arrêt de la CPI visant Vladimir Poutine, ce qui, selon le diplomate américain, suggère que la Chine n’éprouve pas le besoin « de tenir responsable le président (russe) des atrocités infligées à l’Ukraine ».

Pour sa part, Kiev, prudent sur les intentions chinoises, a exhorté lundi Xi Jinping à « user de son influence sur Moscou pour qu’il mette fin à la guerre d’agression ».

Record gazier

Interrogé par l’AFP, l’expert français Antoine Bondaz, spécialiste de la diplomatie chinoise, estime que Pékin cherche à promouvoir dans le dossier ukrainien une « image de facteur de stabilité [?] particulièrement auprès des pays non-occidentaux », tout en essayant de « délégitimer les régimes démocratiques ».

Ces dernières années, Pékin et Moscou se posent en effet comme des contrepoids géopolitiques à la puissance américaine et ses alliés. Mais outre les considérations géopolitiques, les questions économiques seront au c?ur des discussions mardi entre Vladimir Poutine et Xi Jinping.

La visite du dirigeant chinois en Russie intervient au moment où cette dernière a massivement réorienté son économie vers Pékin, face aux lourdes sanctions occidentales qui la visent. Comme un symbole de cette intégration économique croissante, le géant gazier russe Gazprom a annoncé mardi avoir livré la veille une quantité « record » de gaz via le gazoduc transfrontalier « Force de Sibérie ».

Selon le Kremlin, Xi Jinping et Vladimir Poutine doivent signer plusieurs documents mardi, notamment une déclaration commune portant sur l’approfondissement de leurs relations économiques d’ici 2030.

Le Premier ministre japonais attendu en Ukraine

Hasard du calendrier ? Alors que Xi Jinping affiche son soutien à Moscou en pleines tensions avec les pays occidentaux, le Premier ministre japonais Fumio Kishida est, lui, attendu en Ukraine mardi pour une visite surprise.

Fumio Kishida va transmettre au président ukrainien Volodymyr Zelensky « son respect pour le courage et la persévérance du peuple ukrainien qui défend sa patrie sous son commandement, ainsi que la solidarité et le soutien infaillible à l’Ukraine, du Japon et du G7 », a déclaré la diplomatie nipponne.

Fumio Kishida était le seul dirigeant membre du groupe à ne pas encore être allé à Kiev depuis le début de l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022. Tokyo s’est joint aux sanctions occidentales contre la Russie et a annoncé en février une nouvelle aide de 5,5 milliards de dollars (5,1 milliards d’euros) à l’Ukraine.

Catégories
Accueil

Philippines et Etats-Unis feront leurs plus grandes manœuvres militaires conjointes en avril

Manille, Philippines | AFP | mardi 14/03/2023 – Les Philippines et les Etats-Unis effectueront en avril leurs plus grandes manoeuvres militaires conjointes, ont annoncé mardi des responsables des deux alliés, qui cherchent à contrecarrer l’influence croissante de la Chine dans la région.

« Toutes les forces armées ont le droit de conduire des exercices militaires », a dit le colonel Michael Logico, porte-parole philippin de l’opération baptisée Balikatan, qui signifie « côte à côte » en philippin. « Cela fait vraiment partie de notre état de préparation au combat », a-t-il ajouté.

Ces exercices annuels, prévus du 11 au 28 avril, comprendront pour la première fois des tirs à balles réelles dans la mer de Chine méridionale et une simulation de défense d’un îlot philippin situé à près de 300 kilomètres au sud de Taïwan.

Les manoeuvres impliqueront 17.680 soldats (environ 12.000 Américains et 5.000 Philippins ainsi que 111 Australiens), soit environ deux fois plus qu’en 2022, a indiqué M. Logico. Un responsable américain a confirmé ces chiffres.

La montée des tensions autour de Taïwan, île que Pékin considère comme faisant partie de la Chine, et la construction de nouvelles bases en mer de Chine méridionale ont renforcé le partenariat entre Washington et à Manille, sous l’égide d’un traité de défense mutuelle.

Pour la première fois, des frégates des marines philippine et américaine tireront en direction de la mer de Chine méridionale depuis les eaux de la province de Zambales, au nord de Manille, a déclaré M. Logico. Les précédents exercices de tirs réels se déroulaient sur terre.

Les deux alliés organiseront également de manière inédite un débarquement amphibie sur l’île occidentale de Palawan, la partie de l’archipel philippin la plus proche des îles Spratleys, revendiquées par Pékin.

L’un des exercices prévoit en outre l’atterrissage d’hélicoptères militaires sur l’île de Calayan, à l’extrémité nord de l’île principale de Luzon.

Les Américains utiliseront par ailleurs leurs missiles Patriot, considérés comme l’un des meilleurs systèmes de défense aérienne au monde, et le système de roquettes de précision HIMARS.

Cette annonce intervient moins de six semaines après que Manille et Washington ont décidé de relancer les patrouilles conjointes en mer de Chine méridionale et ont conclu un accord permettant aux troupes américaines d’accéder à quatre bases militaires supplémentaires dans le pays d’Asie du Sud-Est.

Manille et Washington tentent de retisser des liens qui s’étaient distendus sous la présidence de Rodrigo Duterte, le prédécesseur de Ferdinand Marcos, au pouvoir depuis juin 2022.

M. Marcos assure qu’il ne laissera pas la Chine grignoter la zone maritime des Philippines, alors que M. Duterte rechignait à critiquer Pékin.

Catégories
Accueil

Sous-marins nucléaires : Pékin et Moscou fustigent l’alliance de Washington, Canberra et Londres

Manille, Philippines | AFP | mardi 14/03/2023 – Les Philippines et les Etats-Unis effectueront en avril leurs plus grandes manoeuvres militaires conjointes, ont annoncé mardi des responsables des deux alliés, qui cherchent à contrecarrer l’influence croissante de la Chine dans la région.

« Toutes les forces armées ont le droit de conduire des exercices militaires », a dit le colonel Michael Logico, porte-parole philippin de l’opération baptisée Balikatan, qui signifie « côte à côte » en philippin. « Cela fait vraiment partie de notre état de préparation au combat », a-t-il ajouté.

Ces exercices annuels, prévus du 11 au 28 avril, comprendront pour la première fois des tirs à balles réelles dans la mer de Chine méridionale et une simulation de défense d’un îlot philippin situé à près de 300 kilomètres au sud de Taïwan.

Les manoeuvres impliqueront 17.680 soldats (environ 12.000 Américains et 5.000 Philippins ainsi que 111 Australiens), soit environ deux fois plus qu’en 2022, a indiqué M. Logico. Un responsable américain a confirmé ces chiffres.

La montée des tensions autour de Taïwan, île que Pékin considère comme faisant partie de la Chine, et la construction de nouvelles bases en mer de Chine méridionale ont renforcé le partenariat entre Washington et à Manille, sous l’égide d’un traité de défense mutuelle.

Pour la première fois, des frégates des marines philippine et américaine tireront en direction de la mer de Chine méridionale depuis les eaux de la province de Zambales, au nord de Manille, a déclaré M. Logico. Les précédents exercices de tirs réels se déroulaient sur terre.

Les deux alliés organiseront également de manière inédite un débarquement amphibie sur l’île occidentale de Palawan, la partie de l’archipel philippin la plus proche des îles Spratleys, revendiquées par Pékin.

L’un des exercices prévoit en outre l’atterrissage d’hélicoptères militaires sur l’île de Calayan, à l’extrémité nord de l’île principale de Luzon.

Les Américains utiliseront par ailleurs leurs missiles Patriot, considérés comme l’un des meilleurs systèmes de défense aérienne au monde, et le système de roquettes de précision HIMARS.

Cette annonce intervient moins de six semaines après que Manille et Washington ont décidé de relancer les patrouilles conjointes en mer de Chine méridionale et ont conclu un accord permettant aux troupes américaines d’accéder à quatre bases militaires supplémentaires dans le pays d’Asie du Sud-Est.

Manille et Washington tentent de retisser des liens qui s’étaient distendus sous la présidence de Rodrigo Duterte, le prédécesseur de Ferdinand Marcos, au pouvoir depuis juin 2022.

M. Marcos assure qu’il ne laissera pas la Chine grignoter la zone maritime des Philippines, alors que M. Duterte rechignait à critiquer Pékin.

Catégories
Accueil

Contre la Chine, Biden lance un projet spectaculaire de sous-marins

Cette annonce s’inscrit dans le cadre du partenariat AUKUS entre États-Unis, Australie et Royaume-Uni, qui avait provoqué une crise diplomatique avec la France en 2021.

Par Le HuffPost avec AFP

INTERNATIONAL – Une coopération « sans précédent » annoncée sous un soleil californien radieux. Joe Biden, avec les dirigeants australien et britannique, a lancé lundi 13 mars un spectaculaire programme de sous-marins à propulsion nucléaire, destiné à tenir tête à la Chine dans le Pacifique.

« Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d’aujourd’hui et de demain », a dit le président américain, ses lunettes de soleil favorites sur le nez, depuis une base navale de San Diego.

Entouré d’Anthony Albanese et de Rishi Sunak, Joe Biden a assuré que les États-Unis ne pouvaient avoir « de meilleurs amis », en vantant cette alliance à trois baptisée AUKUS, qui avait fait enrager la France lors de son annonce il y a dix-huit mois.

Sous-marins à propulsion nucléaire

Le président américain avait soigné la mise en scène : derrière les trois dirigeants, un sous-marin et un navire militaire américains à quai, de grands drapeaux, et des rangées de marins en uniforme.

Le Premier ministre australien a souligné que son pays faisait « le plus grand investissement de (son) histoire » via ce partenariat, qui prévoit l’achat de sous-marins américains à propulsion nucléaire puis la construction d’une nouvelle génération d’appareils.

Selon le gouvernement australien, ce projet pluridécennal, qui coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années, générera environ 20 000 emplois.

Anthony Albanese a souligné que l’Australie est, après la Grande-Bretagne, le deuxième pays à avoir accès aux secrets nucléaires de la marine américaine. « Nous sommes avant tout liés par un monde où la paix, la stabilité et la sécurité garantissent une plus grande prospérité », a-t-il déclaré.

Une position stratégique dans le Pacifique

Son homologue britannique a également vanté les efforts faits par le Royaume-Uni pour doper son budget de la Défense, et estimé qu’avec les États-Unis et l’Australie, son pays s’engageait dans « l’accord de défense multilatéral le plus important depuis des générations ».

Le programme de sous-marins d’attaque, qui a l’ambition de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, a détaillé la Maison Blanche. Et selon un principe « crucial », martelé par Joe Biden : « ces sous-marins seront à propulsion nucléaire, mais ne porteront pas d’armes nucléaires », pour respecter le principe de non-prolifération.

Il y aura d’abord une phase de familiarisation de l’Australie – qui n’a pas de sous-marins à propulsion nucléaire, ni de technologie nucléaire qu’elle soit militaire ou civile. Ses marins, ingénieurs, techniciens seront formés au sein d’équipages américains et britanniques, ainsi que dans les chantiers navals et les écoles spécialisées des États-Unis et du Royaume-Uni.

L’objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains et un sous-marin britannique sur la base australienne de Perth (ouest).

Dans un deuxième temps, et sous réserve du feu vert du Congrès américain, l’Australie va acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux navires submersibles supplémentaires. Les sous-marins doivent être livrés à partir de 2030.

Enfin – c’est la troisième, et la plus ambitieuse étape du programme – les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour une nouvelle génération de sous-marins d’attaque, baptisée SSN AUKUS. Ces sous-marins vont impliquer un gigantesque effort industriel, en particulier de la part de l’Australie, qui doit se doter d’un nouveau chantier naval à Adelaïde, dans le sud.

Une « mentalité digne de la guerre froide », dénonce Pékin

Les nouveaux navires, de conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, seront construits et déployés par le Royaume-Uni et l’Australie. Ils doivent être livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040.

Les sous-marins à propulsion nucléaire sont difficiles à détecter, peuvent parcourir de grandes distances pendant de longues périodes et peuvent embarquer des missiles de croisière sophistiqués.

La conclusion de l’alliance AUKUS, avec pour corollaire l’annulation par Canberra du contrat d’acquisition de 12 sous-marins français, avait donné lieu en 2021 à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la « trahison ».

Désormais, le projet indispose surtout la Chine. « Nous appelons les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie à abandonner la mentalité digne de la Guerre froide et les jeux à somme nulle », avait déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, avant les annonces de lundi.

Aucun des trois dirigeants rassemblés à San Diego lundi n’a fait mention de manière explicite de la Chine, mais Joe Biden y a fait une référence implicite. Il a en effet affirmé que l’alliance AUKUS devait assurer que « la zone indo-pacifique reste libre et ouverte », une formule qui dans le jargon diplomatique américain, désigne la volonté de contrer l’influence chinoise dans la région.

Catégories
Accueil

Chine : Li Qiang, allié de Xi Jinping, désigné Premier ministre

Ne possédant aucune expérience au niveau national, le nouveau Premier ministre chinois est un proche du président Xi Jinping. Il avait été son chef de cabinet de 2004 à 2007.

© AFP

Li Qiang, considéré comme l’un des hommes de confiance les plus proches de Xi Jinping, a été désigné samedi nouveau Premier ministre chinois. Lors d’un vote des députés réunis au Palais du peuple à Pékin, Li Qiang, seul candidat à ce poste, a obtenu 2936 votes pour, trois contre et huit abstentions.

Li Qiang, 63 ans, ancien responsable du Parti communiste à Shanghai, dont l’image avait quelque peu été ternie au printemps lors du confinement chaotique de sa ville, succède à Li Keqiang, en poste depuis 2013.

Aucune expérience au niveau national

Le Premier ministre chinois est à la tête du Conseil d’État. Sa fonction est traditionnellement associée à la gestion quotidienne du pays et à la conduite de la politique macroéconomique.

Li Qiang, qui avait été propulsé au rang de numéro deux du Parti communiste (PCC) en octobre, ne dispose d’aucune expérience au niveau du gouvernement central, contrairement à la quasi-totalité des ex-Premiers ministres.

Il a cependant accompli un parcours riche au sein de l’administration locale et a endossé d’importantes fonctions de direction dans les riches provinces côtières du Zhejiang (est) et du Jiangsu (est).

Li Qiang était le chef de cabinet de Xi Jinping lorsque celui-ci était à la tête du parti dans le Zhejiang entre 2004 et 2007.

Un proche de Xi Jinping

Ses promotions, rapides depuis, reflètent le haut niveau de confiance que lui accorde le numéro un chinois. Samedi au Palais du peuple à Pékin, Xi Jinping et Li Qiang sont apparus complices au moment du vote, échangeant des amabilités avec sourire.

Li Qiang prend ses fonctions à un moment où la deuxième économie du monde fait face à un net ralentissement, affaiblie par près de trois ans d’une inflexible politique dite du « zéro Covid ».

Pour 2023, le gouvernement s’est fixé un objectif de croissance du PIB d' »environ 5% », l’un des plus faibles depuis des décennies.

Le Premier ministre sortant, Li Keqiang, un économiste de formation, avait vu ses projets de réformes économiques entravés par l’autorité grandissante de Xi Jinping.

Catégories
Accueil

L’horizon d’un rapprochement entre Washington et Pékin s’assombrit

Washington, Etats-Unis | AFP | jeudi 08/03/2023 – Ils s’espionnent, se défient et sont dans une compétition acharnée. Si Washington et Pékin ont intérêt à ce que leur rivalité aux enjeux mondiaux ne dégénère pas en conflit, reste que l’horizon d’un rapprochement s’assombrit de jour en jour.

A tel point que la Chine a accusé cette semaine les Etats-Unis d’attiser les tensions entre les deux puissances et mis en garde contre le risque de « conflit ».

Le président chinois Xi Jinping a aussi, dans une rare critique directe, reproché aux Etats-Unis d’entraîner les pays occidentaux dans « une politique d’endiguement, d’encerclement et de répression contre la Chine ».

Pour la directrice du renseignement américain Avril Haines, qui s’exprimait mercredi devant une commission parlementaire, « M. Xi a prononcé cette semaine son discours le plus ouvertement critique en date et c’est probablement le reflet d’un pessimisme croissant à Pékin sur la relation de la Chine avec les Etats-Unis ».

Mais, a-t-elle ajouté, le renseignement américain évalue que Pékin tient à ce que ces tensions ne dégénèrent pas et à conserver une relation stable.

Le dirigeant chinois « souhaite une période de calme relatif afin de donner du temps et de la stabilité à la Chine dont elle a besoin pour gérer des difficultés intérieures croissantes », a-t-elle dit.

« Coup sur coup »

A Washington, on répète inlassablement que les Etats-Unis sont en compétition avec la Chine, mais qu’ils ne recherchent pas le conflit et ne veulent pas d’une nouvelle Guerre froide.

Les responsables américains se disent prêts à reprendre les discussions avec Pékin « en temps voulu » après l’affront du ballon, le président Joe Biden ayant affirmé lors de son discours sur l’état de l’Union vouloir parler à son homologue chinois.

Pour autant, le rapprochement initié lors de la rencontre de Bali en novembre dernier entre le président américain et Xi Jinping a fait long feu.

L’incident du ballon — espion pour Washington, météorologique pour Pékin — est passé par là, venant démontrer la fragilité d’une relation historiquement tendue.

Le secrétaire d’Etat Antony Blinken avait dû reporter un déplacement très attendu début février à Pékin, même s’il a finalement pu rencontrer le plus haut diplomate chinois, Wang Yi, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité mi-février.

Lors de cet entretien qualifié de « tendu », il a mis en garde Pékin contre toute aide militaire à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.

Ligne rouge

Washington a depuis lancé une offensive, disant être convaincu que Pékin envisage de fournir une aide à la Russie — ce que Pékin dément — et appelant les dirigeants chinois à ne pas franchir cette ligne rouge.

Les contentieux entre les deux superpuissances sont nombreux: statut de Taïwan, tensions en mer de Chine méridionale, les semi-conducteurs, TikTok, traitement des musulmans ouïghours, liens avec la Russie.

« La relation se dégrade et est clairement entrée dans un cycle où chacun livre coup sur coup et la façon d’en sortir n’est pas claire », juge Jacob Stokes, du cercle de réflexion Center for a New American Security.

Et, ajoute-t-il, la « rhétorique entourant la Chine ne fera que s’intensifier et s’affûter à l’approche de la présidentielle » américaine en 2024. 

La Chambre des représentants à majorité républicaine a déjà mis en place une commission spéciale dédiée à la « compétition stratégique » avec Pékin, au risque d’une surenchère et dans le but de ne pas apparaître comme « faible » face à ce qui représente, pour reprendre les propos d’un élu républicain, une « menace existentielle ».

« Tournant »

A court terme, la perspective du sommet lundi aux Etats-Unis entre les dirigeants américain Joe Biden, britannique Rishi Sunak et australien Anthony Albanese, risque fort de provoquer la colère de la Chine.

Tout comme la rencontre attendue en Californie, à une date non précisée, entre le chef républicain à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, et la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen.

« Il n’y a pas de ligne directe et c’est ce qui inquiète », soulignait récemment à des journalistes la présidente de l’ONG International Crisis Group, Comfort Ero, rappelant que le téléphone rouge avait au contraire caractérisé la période de la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique.

Or, selon elle, l’affaire du ballon est venue « rappeler avec force que nous avons besoin de lignes de communication directes » afin d’éviter que les choses ne passent « hors de contrôle ».

Pour Jonathan Ward, expert sinologue et auteur d’un livre à paraître sur la stratégie américaine vis-à-vis de la Chine, « nous sommes vraiment arrivés à un tournant dans la relation entre les Etats-Unis et la Chine où 30 ans d’engagement n’ont pas produit les résultats escomptés, à savoir une Chine responsable ».

« Les Etats-Unis vont devoir entièrement réviser leur stratégie et, plus important: développer une nouvelle stratégie économique face à la Chine. »

Catégories
Accueil

Taiwan alarmé par la hausse du budget de la Défense chinois

Taipei, Taïwan | AFP | lundi 06/03/2023 – Le ministre taïwanais de la Défense Chiu Kuo-cheng a estimé lundi que l’augmentation du budget de la Défense annoncée par la Chine pour 2023 signifiait que Pékin « se prépare à utiliser la force si nécessaire » pour récupérer l’île.

Dimanche, la Chine a annoncé une hausse de 7,2% du budget de la Défense pour 2023, soit l’augmentation la plus forte depuis 2019. Les dépenses militaires s’élèveront à 1.553,7 milliards de yuans (225 milliards de dollars).

« Il semble que l’autre partie se prépare à l’usage de la force si nécéssaire à l’avenir », a commenté le ministre taïwanais devant les députés. 

Selon lui, des visites de responsables étrangers de haut niveau à Taiwan ou des exercices militaires conjoints avec les militaires de pays alliés pourraient servir de catalyseur à une invasion de l’île par les forces de Pékin. 

« Je pense qu’ils attendent une bonne raison pour envoyer des troupes, comme des visites de haut niveau de (responsables) d’autres pays à Taïwan ou des activités trop fréquentes entre nos militaires et ceux d’autres pays », a-t-il déclaré.

Le ministre a souligné que Taïwan se préparait d’une manière anticipée à des incursions dans les eaux autour de l’ïle plus en profondeur que ce qui a été la norme au cours des dernières années.

Les propos de M. Chiu ont été rejetés lundi par un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Taïwan est une partie de la Chine et par conséquent Taïwan n’a pas de ministre de la Défense », a déclaré Mao Ning.

« Les deux côtés de part et d’autre du Détroit de Taïwan sont en territoire chinois. La Chine prendra des mesures fermes pour sauvegarder la souveraineté et son intégrité territoriale », a ajouté le porte-parole.

Dimanche, le Premier ministre chinois sortant Li Keqiang a réitéré devant les députés l’opposition de Pékin à l’indépendance de Taïwan.

De son côté, le Premier ministre taïwanais Chen Chien-jen a demandé à la Chine de « respecter Taïwan ».

Les relations entre la Chine et Taïwan devraient être guidées par « les principes de rationalité, d’égalité et de respect mutuel afin de pouvoir se développer positivement d’une manière saine et durable », a-t-il dit.

Taïwan vit sous la menace constante d’une invasion chinoise, Pékin considérant l’île comme une partie de son territoire, devant être récupérée un jour, par la force si nécéssaire.

L’an dernier, les relations sino-américaines avaient atteint leur point le plus bas en août après la visite sur l’île de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis. 

En représailles, Pékin avait rétorqué par de gigantesques manoeuvres militaires autour de Taïwan.

Catégories
Accueil

Les moyens pas à la hauteur des ambitions de la stratégie indopacifique française

Tahiti, le 6 février 2012 – La commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat s’est penchée sur la stratégie française dans l’Indopacifique, mise en place en février 2022. Dans son rapport d’information, publié le 25 janvier dernier, elle souligne une stratégie “ambitieuse”, mais dont “les moyens ne sont pas toujours à la hauteur de ses ambitions”. Les trois collectivités françaises du Pacifique –la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et la Polynésie française– regrettent quant à elles ne pas avoir été associées à cette stratégie.
 
“Position ambiguë”, “discours parfois contre-productif”, “éparpillement”, “moyens inadaptés”… Le rapport d’information de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, intitulé “La stratégie française pour l’Indopacifique : des ambitions à la réalité” et déposé le 25 janvier, n’est pas tendre avec la stratégie de la France dans la région. Une région immense puisqu’elle s’étend des côtes africaines jusqu’à la côte ouest américaine, mais aussi très éloignée de l’Hexagone. Si la France y est présente grâce à sept régions, départements et collectivités d’outre-mer (DROM-COM) (Mayotte, La Réunion, les Terres australes et antarctiques française, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française et Clipperton) qui lui confèrent, avec 11 millions de kilomètres carrés, la 2e zone économique exclusive mondiale après les États-Unis, ses appuis y sont néanmoins minimes. On compte seulement 1,6 million de citoyens répartis sur ces sept territoires, auxquels s’ajoutent 200 000 ressortissants français expatriés dans les pays littoraux de l’océan Indien, en Asie et en Océanie. Mais il semble que la France veuille profiter de sa présence pour jouer un rôle international. Le rapport d’information indique d’ailleurs que l’Indopacifique, qui est devenu “incontournable”, “le sera encore plus dans 20 ans”. En effet, la région devrait rassembler, en 2040, 75% de la population mondiale, 50% du PIB mondial et 75% des réserves de matières premières critiques. D’où l’importance d’établir une stratégie dès maintenant.

Des objectifs flous

Selon le rapport d’information, la stratégie de la France dans l’Indopacifique est “ambitieuse”. Une ambition posée en juillet 2021 par le président de la République, Emmanuel Macron, en avant-propos d’un rapport de l’Élysée exposant cette stratégie : “Pays de l’Indopacifique à part entière, la France veut être une puissance stabilisatrice, qui porte les valeurs de liberté et de respect du droit. Notre ambition est d’apporter des solutions aux défis sécuritaires, économiques, sanitaires, climatiques et environnementaux auxquels les pays de la zone sont confrontés.” Une stratégie dite de la troisième voie, dans un contexte où les tensions entre les deux plus grandes puissances de la zone, que sont les États-Unis et la Chine, sont toujours plus grandissantes. Mais le rapport souligne que “la France ne choisit pas”, que ce soit “l’espace géographique qu’elle considère comme maximaliste” ou “les secteurs d’action, qu’elle souhaite tous embrasser”, pas plus qu’elle “ne sélectionne ses partenaires, souhaitant collaborer avec tous”. De même qu’elle “multiplie ses orientations” avec une stratégie orientée autour de quatre piliers : sécurité et défense ; économie, connectivité, recherche et innovation ; multilatéralisme et règle de droit ; et changement climatique, biodiversité et gestion durable des océans. Un “éparpillement” selon les sénateurs, qui s’interrogent sur le fait que celui-ci nuise “à la lisibilité” de la stratégie française. Ils ajoutent que “nos ambitions d’être une puissance d’équilibre ne sont pas en adéquation avec notre poids réel, ce qui pose des questions sur la crédibilité même de la stratégie”. Et que la France doit prendre une “position ferme” sur la Chine.
 
Afin justement d’apporter plus de “lisibilité”, le rapport d’information de la commission du Sénat propose de distinguer quatre grandes zones au sein de l’Indopacifique pour “mieux structurer et rendre plus opérationnelle” la stratégie en définissant des priorités et des objectifs différents selon chaque secteur géographique. Il propose également de nommer, pour chacune de ces zones, un secrétaire d’État dédié pour y organiser le pilotage politique de la stratégie de la France.

Les pays insulaires français pas consultés

Pour les sénateurs, la France ne met pas non plus les moyens à la hauteur de ses ambitions. “Ni le volet économique de la stratégie indopacifique, ni la stratégie de la France dans l’Indopacifique ne comprennent de moyens financiers face aux objectifs ambitieux affichés”, peut-on lire dans le rapport qui parle également de moyens militaires “inadaptés” aux caractéristiques de l’Indopacifique. Depuis 2008, elle a réduit les effectifs de ses forces armées de 20% et les équipements –qu’ils soient aériens, maritimes ou terrestres– sont “particulièrement vieux”. Le remplacement des moyens aériens est déjà prévu, mais à l’horizon 2026-2035, et alors que des pays comme la Chine ou la Corée du Sud sont en train de doubler leurs capacités de transport maritime, la France a divisé les siennes par deux en remplaçant certains bâtiments et a perdu par la même occasion la capacité amphibie. Le rapport souligne le “besoin de bâtiments plus crédibles”.
 
Enfin, le rapport sénatorial regrette que les DROM-COM, grâce à qui la France est présente dans l’Indopacifique, n’aient pas été consultés en amont de l’élaboration de cette stratégie, alors que des pays comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, qui sont membres de plein droit du Forum des îles du Pacifique, “peuvent construire des partenariats directs avec les pays et les États insulaires de la région”. C’est d’ailleurs partant de ce même constat que des élus de l’assemblée de la Polynésie ont créé, en juin dernier, une mission d’information sur l’impact des stratégies de la France dans l’espace indopacifique sur les trois collectivités françaises du Pacifique – la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et la Polynésie française. “Énormément de sujets évoqués portent sur l’économie, l’environnement, la coopération régionale, la recherche scientifique, la santé… Ça touche les compétences de la Polynésie française et la Polynésie française n’a pas été consultée dans l’élaboration de ce document”, indique le président de cette commission à l’APF, Philip Schyle. La semaine dernière, une délégation de la commission polynésienne s’est rendue à Nouméa pour rencontrer les membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et de l’assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna. “Tous nous ont confirmés ne pas avoir été consultés.” Et il ressort de ces rencontres une volonté commune : celle d’être “associé” à la mise en place de la stratégie. “Par exemple, quand on parle de développer la coopération régionale, ce sont des choses que nous faisons déjà de manière presque naturelle, au travers du Forum du Pacifique ou de conventions passées entre nos différentes assemblées. On est dans le Pacifique, dans un univers que l’on connaît, que l’on maîtrise, parce qu’on est Polynésiens ou Mélanésiens, donc notre souhait est que dans le cadre de la stratégie française, nous soyons associés aussi”, poursuit Philip Schyle. Le rapport d’information du Sénat préconise de “renforcer la co-gestion” de la stratégie avec les territoires ultramarins. Une recommandation accueillie “très positivement” par la commission polynésienne qui rendra son rapport avant le mois de mai, “avant la fin de la mandature”. Il devrait être accompagné de préconisations adressées aux autorités du Pays, mais aussi à l’État.

Catégories
Accueil

Iles Salomon: réouverture de l’ambassade américaine sur fond de rivalité avec la Chine

Honiara, Îles Salomon | AFP | jeudi 02/02/2023 – Les Etats-Unis ont rouvert jeudi leur ambassade aux îles Salomon, 30 ans après sa fermeture, sur fond de rivalité croissante avec la Chine dans le Pacifique Sud.

La réouverture de l’ambassade américaine marque le « renouvellement de notre engagement auprès du peuple des îles Salomon et de nos partenaires de la région » Asie-Pacifique, a déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans un communiqué.

Les Etats-Unis avaient fermé leur ambassade située dans la capitale Honiara en 1993 après la fin de la Guerre froide, qui avait conduit à la fermeture de plusieurs représentations diplomatiques et reconfiguré les priorités de Washington.

Cette réouverture de l’ambassade américaine intervient après que le Premier ministre des îles Salomon, Manasseh Sogavare, a signé en 2022 un vaste accord de sécurité, aux contours flous, avec Pékin. 

Des pays occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis et l’Australie, redoutent que ce pacte permette à la Chine de renforcer sa présence dans le Pacifique.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le diplomate américain Russell Corneau, représentant par intérim des Etats-Unis à Honiara, a affirmé que l’ambassade servirait de « plateforme clé » entre son gouvernement et les îles Salomon.

Selon le secrétaire aux Affaires étrangères de l’archipel, Colin Beck, la réouverture de l’ambassade a été « saluée par le gouvernement et le peuple des îles Salomon ».

Interrogée jeudi sur la question, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que la Chine était « disposée à travailler avec toutes les parties » pour promouvoir le développement des pays insulaires.

« La Chine n’a pas l’intention de se lancer dans une lutte d’influence avec qui que ce soit dans la région des îles du Pacifique », a-t-elle assuré lors d’une conférence de presse régulière.

Dans les rues de Honiara, les réactions étaient mitigées quant à la réouverture de l’ambassade des Etats-Unis. 

L’artiste Natty Sala l’a décrite comme un « pas dans la bonne direction » pour améliorer les liens diplomatiques des deux pays et espère que Washington intensifiera ses efforts pour faire disparaître les tonnes de munitions japonaises et américaines datant de la Seconde guerre mondiale qui n’ont jamais explosé et jonchent encore les côtes de l’archipel. 

Si Lois Bana, 50 ans, juge positive cette réouverture, elle s’interroge sur le poids de la « géopolitique » dans la décision américaine, alors que les Etats-Unis souhaitent contrer l’influence de la Chine dans la région.

En septembre 2022, la Maison Blanche avait annoncé un nouveau fonds de 810 millions de dollars d’aide pour les îles du Pacifique Sud, déclarant à l’époque vouloir accroître la présence diplomatique des Etats-Unis dans cette région.